L’une des vocations de Mariemont, initiée par son fondateur Raoul Warocqué, est de s’ouvrir à l’art contemporain. En ce qui concerne les civilisations d’Extrême-Orient, la chose est aisée car nombre de créateurs d’aujourd’hui s’appuient, pour mieux la transcender, sur une tradition plusieurs fois millénaire.

C’est le cas de Park Young-Sook, née en 1947 et installée en tant que céramiste indépendante depuis 1979. Pour cette oeuvre, l’artiste a trouvé son inspiration à la fois dans la céramique rituelle monochrome de la période Choson (1392-1910) et dans celle des époques plus anciennes. Le pied percé de triangles ajourés, la lèvre irrégulièrement coupée, les arêtes crénelées évoquent la céramique des Trois Royaumes (IVe- VIIe siècle), tandis que l’engobe blanc appliqué à la brosse relève de la technique dite kwiyal punch’ong, très en vogue aux XVe et XVIe siècles. Une glaçure à la cendre, aux calmes tonalités bleu-vert, recouvre la totalité de la pièce, ajoute douceur et luminosité à sa forme franche et robuste, et confirme que la Corée est bien «l’autre pays» du céladon. Ainsi portée par une longue tradition céramique, l’identité coréenne trouve ici une expression des plus contemporaines.

Monumental et sculptural, ce bol fait partie d’une belle collection de 29 oeuvres acquises en 1996 auprès de quelques grands céramistes coréens contemporains parmi lesquels on retrouve également Kim Ik-yong, Lee Kang-hyo, Min Young-Ki ou Shin Shang-ho.