De forme cylindrique très simple, cette jarre fait songer aux récipients destinés à la conservation de l’eau ou des saumures que l’on produit aujourd’hui encore dans le delta du fleuve Rouge. Les petites anses horizontales au niveau de l’épaule devaient permettre de fixer fermement un couvercle à l’aide d’une cordelette. Sur une pâte claire, la glaçure ivoire transparente a coulé en quelques traînées épaisses. Les motifs en brun de fer, aux formes végétales, tiges et feuilles, souplement dessinées, ont été appliqués dans des réserves préalablement incisées dans la pâte. Deux séries de petits points bruns vivement posés forment des lignes horizontales délimitant la zone décorée. Des traces rougeâtres sur la base indiquent que la pièce a été posée sur des supports de cuisson; à l’intérieur de la jarre, des traces identiques mais plus petites prouvent qu’un autre support de cuisson y a été placé pour soutenir une pièce plus petite. La cuisson fut réalisée en atmosphère plutôt oxydante.

La céramique vietnamienne de l’époque des dynasties nationales (à partir du XIe siècle) fut produite dans des ateliers villageois travaillant visiblement à partir de modèles largement répandus et consacrés par l’usage. De là son caractère à la fois robuste et gracieux, qui en fait tout le charme et la distingue très nettement de la céramique chinoise davantage standardisée. La jarre ici présentée est un très bel exemple de cette liberté de ton.