Le goût de la cour impériale chinoise et des milieux aristocratiques pour les objets d’usage courant réalisés en métaux précieux est bien connu et plusieurs fouilles archéologiques récentes ont montré que nombre d’entre eux furent jugés dignes d’être offerts aux grands monastères bouddhiques.

Cette petite boîte fut fabriquée dans un assemblage de feuilles d’argent au décor embouti, gravé et rehaussé d’or. Son couvercle s’orne de deux créatures fantastiques, poissons à forte mâchoire, au nez surmonté d’une corne, pourchassant une perle flammée. Il s’agit de mojie, inspirés des makara indiens,
créatures aquatiques symbolisant les eaux primordiales.

L’orfèvrerie des Tang s’inspire couramment de modèles et de techniques perses sassanides bien connus en Chine grâce aux relations diplomatiques et commerciales le long des fameuses «Routes de la Soie», mais n’hésite pas à recourir à des motifs iconographiques très anciens venus du monde indien, quitte – comme c’est le cas ici – à les siniser en leur adjoignant une perle, symbole chinois de l’énergie cosmique. L’influence de cet art raffiné s’est prolongée durant plusieurs siècles dans les décors des céramiques des Liao (907-1125) et des Song du Nord (960-1125).