Cette statue a reçu l’appellation d’Arès Somzée, d’après le nom de l’ingénieur Léon Somzée (1837-1901) qui collectionna tout au long de sa vie de nombreuses oeuvres d’art, et, notamment, des sculptures antiques achetées essentiellement en Italie. Sa collection fut mise en vente par étapes en 1901, 1904 et 1907. Fort heureusement pour la Belgique, plusieurs savants de l’époque, dont Franz Cumont alors conservateur des Antiquités grecques et romaines du Musées royaux des Arts décoratifs et industriels (futurs Musées royaux d’Art et d’Histoire), se démenèrent pour que ces oeuvres demeurent dans des collections belges, alors que des acheteurs étrangers se pressaient déjà aux portes des héritiers de L. Somzée. À l’exception de quelques pièces parties au Danemark et aux États-Unis, l’essentiel de sa collection classique fut partagée entre le Musée de Bruxelles, Raoul Warocqué et d’autres collectionneurs privés belges.

L’«Arès», déjà présent dans la collection du Cardinal Ludovisi, rassemblée dans le courant du XVIIe siècle, était considéré comme l’une des pièces maîtresses de cet ensemble exceptionnel. Son surnom actuel est trompeur. En effet, la sculpture, une copie romaine en marbre d’un original grec en bronze de style sévère, ne représente pas le dieu de la guerre Arès, mais un héros dont l’identification reste incertaine. Ce guerrier est représenté nu, plus grand que nature, ce qui est typique des représentations héroïques grecques, le casque sur la tête et la longue chevelure massée sur la nuque (un élément typique de l’esthétique archaïque et du début de l’époque classique que l’on retrouve ailleurs, voir p. 48). À l’origine, il tenait une lance à la main droite et portait un bouclier au bras gauche. La copie en marbre, réalisée à l’époque romaine, a nécessité, pour sa stabilité, l’ajout d’éléments absents de l’original en bronze tels que le tronc qui renforce la jambe d’appui et les tenons qui servaient à soutenir les bras et les poignets.