Scène d’affranchissement (?)
Marbre
Haut. 89 cm
Italie, Rome
Période républicaine
Ier siècle avant J.-C.
Inv. B.26
Ce fragment de bas-relief, brisé à droite et à gauche, présente une scène célèbre mais énigmatique. Deux esclaves vêtus d’un pagne et coiffés d’un bonnet conique sont représentés l’un à quatre pattes, l’autre debout, tenant un fouet de la main gauche, et touchant de la main droite celle d’un personnage drapé, sans doute le maître, dont presque rien n’est conservé. Entre eux, un licteur tient à la main gauche les faisceaux et, à la droite, une baguette rituelle (la vindicta).
Cette scène a été identifiée comme la seule représentation connue de l’un des rituels d’affranchissement d’esclaves. Ce mode de «libération» consiste en un simulacre de procès au cours duquel des gestes consacrés sont accomplis et des paroles rituelles sont prononcées. Cependant, de nombreux détails compliquent la lecture de la scène: les bonnets pointus dont sont coiffés ici les esclaves, longtemps considérés comme des signes de leur «liberté », sont en réalité la coiffe habituelle des conducteurs de chars au cirque. Ils précisent donc le métier des deux personnages, et non leur statut. En outre, selon les descriptions conservées de l’affranchissement per vindictam, c’est le maître qui touche l’esclave avec la baguette; or sur ce bas-relief, c’est le licteur qui tient la vindicta. S’agit-il d’un autre moment du rituel ? Quel rapport entre les bonnets de conducteurs de char, qui situent la scène dans un cirque, et les gestes représentés ? Ces questions restent ouvertes...
Si l’affranchi jouissait d’un statut nettement plus enviable que l’esclave, il ne bénéficiait pas de tous les droits accordés aux hommes libres. L’affranchi n’était pas éligible, ne pouvait devenir soldat, ni épouser une femme née de parents libres. Il restait à la disposition de son ancien maître et ne pouvait jamais l’attaquer en justice.