Ce très beau portait représente la reine Bérénice II (vers 270-221 avant J.-C.), héritière du royaume de Cyrénaïque (Libye actuelle), qui épousera Ptolémée III, souverain grec d’Égypte, et régna à ses côtés durant 25 ans (de 246 à 221 environ). La tête, de taille naturelle ou légèrement plus grande, de tradition grecque, est taillée dans le marbre; la coiffure était complétée sur le côté droit par des ajouts de plâtre. Elle devait appartenir à une statue debout, peut-être voilée. Ce portrait a conservé de nombreux restes de peinture: les pupilles, les cils, les sourcils, et des mèches rangées à la racine des cheveux sont dessinés en noir sur la pierre. Un reste de dorure sur la narine gauche, indique que tout ou partie du visage était recouvert d’une feuille d’or. Son regard sombre, perdu dans le lointain, lui donne une forte présence, et un air un peu rêveur. Le visage arrondi ajoute à l’impression générale de douceur.

Depuis l’époque archaïque, les statues grecques étaient embellies par de la peinture, de nombreux détails du visage, des cheveux, des vêtements, étant rendus par ce biais. La gamme de couleurs utilisée à une époque plus ancienne (VIe-Ve siècles) se réduit au noir, bleu et rouge, mais elle s’étend ensuite à des teintes bleu ciel, rose vif, vertes... Il est rare cependant que ces rehauts soient aussi bien conservés qu’ici.

Ce fragment, l’un des rares portraits de Bérénice conservés, fut retrouvé dans un sanctuaire à Hermopolis Magna, où un culte était célébré en l’honneur du roi et de la reine. Ptolémée III et Bérénice II sont en effet les premiers souverains grecs d’Égypte à être honorés d’un culte de leur vivant.

Après la mort de son père, Bérénice avait été mariée au prince de Macédoine, Démétrios le Beau. Comme ce dernier la trompait avec sa mère, elle le fit assassiner. Devenue veuve très jeune, elle décida d’honorer les voeux de son père, et de s’unir au fils du roi d’Égypte, le futur Ptolémée III. Leur règne fut brillant, époque de conquêtes, mais aussi de grands développements artistiques à la cour d’Alexandrie.

À travers les textes, Bérénice II apparaît comme une femme au caractère trempé, régnant avec passion sur l’Égypte, suscitant la fidélité de son entourage. Son portrait donne plutôt l’image d’une femme songeuse, douce et maternelle.