Ce grand vase en bronze décoré, fermé d’un couvercle surmonté de statuettes, a servi d’urne cinéraire. Lors de sa découverte en 1871 près de Capoue, dans une tombe en tuf, la ciste contenait encore les os et les cendres du défunt, perdus depuis.

Le vase, très pansu et au fond arrondi, présente sur l’épaule un décor gravé de longues languettes, sous lesquelles se trouve une rangée de lotus alternativement droits et retournés. La lèvre plate, ornée de denticules, sert de support à quatre sirènes ailées (dans l’antiquité grecque, une sirène est un monstre mihumain mi-oiseau). Sur le couvercle bombé, un personnage masculin porte un bélier sur les épaules. Cette pièce superbe, combinant une esthétique orientalisante (par exemple la frise de fleurs de lotus), et une petite sculpture de bronze archaïsante, est représentative des cistes trouvées dans la nécropole archaïque de Capoue. Par leur forme, elles rappellent les dinoi grecs qui, au même titre que les cratères, servent à mélanger l’eau et le vin, celui-ci n’étant jamais bu pur dans le monde grec. Ils peuvent être aussi offerts en prix aux vainqueurs de concours athlétiques. La signification idéologique de ces objets, associés au banquet et au monde athlétique, est donc complexe – mais
très révélatrice des sphères principales d’activités masculines. L’utilisation de ces vases comme urnes cinéraires transfère ces significations au monde funéraire et les associe au défunt.

La figure de criophore (homme portant un bélier) est fréquente sur ces objets. Il pourrait s’agir d’une représentation du dieu Hermès, dieu des passages, qui acquiert une connotation funéraire lorsqu’il porte un mouton. L’image fait également référence à l’animal apporté pour le sacrifice.

Le contexte culturel de fabrication et d’utilisation de ce vase combine des éléments de la culture campanienne et des influences étrusques et grecques. La forme et le décor des urnes cinéraires en bronze célébreraient un monde athlétique à connotation héroïsante, valorisé par l’aristocratie locale.