Les piliers surmontés d’une tête du dieu Hermès, appelés piliers hermaïques, sont, selon la tradition littéraire, inventés à Athènes, dans le dernier tiers du VIe siècle avant J.-C. dans le cercle du tyran Pisistrate et de ses fils, en particulier le cadet, Hipparque. La tête de pilier hermaïque du Musée royal de Mariemont présente une esthétique typiquement archaïque: visage allongé, yeux en amandes à fleur de peau, sourire léger, pommettes saillantes. La chevelure en coquilles, et les longues mèches ondulées qui descendent sur les épaules, ainsi que la barbe stylisée, sont également caractéristiques de la sculpture de cette période. Par les textes et les images, on sait que la «belle chevelure» contribue de manière essentielle aux attraits masculins à l’époque archaïque: les cheveux, lorsqu’ils sont portés longs, font l’objet de soins attentifs et sont coiffés de manière savante.

Les bornes surmontées de têtes d’Hermès étaient dressées à mi-chemin des routes qui reliaient Athènes aux bourgs et gros villages de son territoire, l’Attique. Sur certaines fut inscrite d’un côté sa position entre la ville et tel bourg, de l’autre une sage maxime. Hermès, dieu du passage, des carrefours, des échanges, y est figuré de façon inhabituelle. D’ordinaire représenté avec des attributs caractéristiques liés à sa mobilité (casque et sandales ailées, caducée...), il apparaît sur les piliers hermaïques comme un homme barbu, nu tête, sans attributs. Un sexe dressé sur le pilier, symbole de fertilité et signe protecteur, vient compléter cette image. L’objet lui-même, quadrangulaire, planté dans le sol, évoque l’immobilisme. Pourtant, la multiplication de ces figures dans la campagne attique et les messages de sagesse qu’elles portent leur donnent vie et sens: elles lient Athènes à son territoire et transmettent aux voyageurs un message politique et didactique.