Destinée à la cuisson rituelle à la vapeur des aliments offerts à la divinité ou à l’ancêtre défunt, la marmite en bronze, appelée xian (ou yan), est constituée de deux parties: un tripode soutenant un récipient évasé pourvu de deux anses verticales; les deux parties sont séparées par une plaque amovible percée de
trous cruciformes permettant le passage de la vapeur.

Chaque pied du support s’orne d’un taotie ou «glouton», tête d’animal fabuleux composite dont sont visibles les cornes, les sourcils, les yeux globuleux, le mufle et les crocs. Sa signification reste mystérieuse mais il est fréquent sur les bronzes archaïques. Dans le haut du vase, une bande de décor géométrique et stylisé en sous-relief s’inspire du même motif sur fond de volutes.

Ce vase porte une inscription de huit caractères qui courent à l’intérieur de la paroi de la marmite. Les trois premiers forment un nom propre qui reste indéchiffrable mais qui est attesté sur d’autres vases contemporains. Il est suivi d’une formule consacrée: « [X] a fait (faire) ce précieux vase rituel» (zuo bao zun yi). Ces caractères sur bronze (jinwen) constituent, avec ceux des inscriptions oraculaires sur os (jiaguwen),les plus anciens témoignages d’écriture en Chine. Après unlong séjour dans la terre, la patine verte de ce xian ne manquepas d’intérêt mais aux yeux des amateurs chinois, c’est la présence d’une inscription qui consacre réellement la valeur d’un bronze ancien.