La consultation des oracles occupe une place importante dans le fonctionnement de la cour des Shang. Elle servait à la communication avec un monde d’esprits complexe. Cette activité est connue par des inscriptions découvertes sur le site de la dernière capitale de la dynastie, près de la ville actuelle d’Anyang au Henan.

Pour interroger les esprits, les devins utilisaient des omoplates de boeuf et des plastrons de tortue au revers desquelles avaient été creusées de petites cavités. Un bâton en métal chauffé au feu y était appliqué, ce qui provoquait des craquelures sur l’autre face. La lecture et l’interprétation de ces craquelures fournissaient une réponse à la question posée. Sur les os étaient ensuite gravées diverses informations concernant la consultation divinatoire : la question et la réponse, l’identité du devin et la date. Ces textes témoignent d’un état déjà très développé de l’écriture chinoise. Ils constituent une précieuse source d’informations au sujet des préoccupations des rois: guerre, chasse, récoltes, détermination des jours et des périodes fastes et néfastes, régulation des sacrifices. Le calendrier, fort complexe, est basé sur un système de soixante jours divisé en six décades.

Les cinq fragments conservés à Mariemont datent de la dernière des cinq périodes entre lesquelles les os gravés sont répartis par les chercheurs chinois. Deux d’entre eux portent des listes incomplètes des caractères correspondant aux soixante années du cycle temporel. Les trois autres portent des questions
concernant les pratiques religieuses et l’influence du monde surnaturel. On y trouve ainsi les interrogations : savoir si « la période de dix jours qui suit sera sans risque» et «si le roi offre un sacrifice, est-ce que cela ne sera pas nuisible ?».

Les os oraculaires sont rares dans nos musées. Ceux-ci ont été acquis en Chine par Raoul Warocqué, peu avant que leur écriture ait été déchiffrée par le savant chinois Dong Zuobin.