Grâce à un don de Mme Jeanne Jonas, Mariemont conserve depuis 1994 une collection de 133 estampes japonaises réunies par le père de la donatrice, Gustave Jonas, au cours de ses déplacements professionnels au Japon dans les années 1930, entre Kobe, Yokohama et Nagasaki. Collection rassemblée en peu d’années par un amateur éclairé aux moyens modestes, elle est avant tout constituée d’œuvres d’artistes du XIXe siècle : Eizan (1787 – 1867), Eisen (1790 – 1848) et les grands représentants de l’école Utagawa que furent Kuniyoshi (1797 – 1861), Kunisada (1786 – 1864), le grand maître du paysage Hiroshige (1797 – 1858) et son successeur Hiroshige II (1826 - 1869). Parmi les thèmes de l’ukiyo-e représentés dans la collection, le paysage (fûkei-ga) domine avec notamment quarante-cinq paysages d’ Hiroshige ; les bijin-ga, belles femmes ou courtisanes, sont illustrées par des œuvres de Kikukawa Eizan et d’Utagawa Kunisada. Le monde du théâtre est également bien représenté, notamment par seize portraits d’acteurs (yakusha-e) de Kuniyoshi.
Deux séries complètes se trouvent heureusement parmi les collections de Mariemont : les douze illustrations réalisées par Kuniyoshi du Kanadehon Chûshingura ou « Trésor des loyaux vassaux », d’après une célébrissime pièce du théâtre Kabuki, ainsi que les « Restaurants réputés d’Edo » (Edo kômei katei zukushi), une série peu connue d’ Hiroshige dont Mariemont est le seul musée, en dehors du Japon, à posséder une suite de vingt-sept estampes sur les trente que compte la série originelle. Cette série a été publiée en 2000 par Kathy Hendrickx (K. Hendrickx, Utawaga Hiroshige, Les restaurants réputés d’Edo, collection Jeanne Jonas, Musée royal de Mariemont, 2000.
La mise en ligne progressive des estampes a débuté par la série des « Restaurants réputés d’Edo », qui mêlent avec bonheur paysage et architecture urbaine et constituent une remarquable source d’information sur l’urbanisme d’Edo dans les années 1830-1840. Les estampes issues d’autres séries d’ Hiroshige et Hiroshige II les ont rejointes. La mise en ligne progressive de la totalité de la collection est envisagée à moyen terme.