|

Mariemont et Rops

 

Félicien Rops est né à Namur, en Belgique, en 1833. Enfant unique venu sur le tard, il est issu de la bonne bourgeoisie de cette petite ville traditionaliste, chef-lieu de province. En 1853, à l’âge de vingt ans, il suit tant bien que mal quelques cours de droit à l’Université libre de Bruxelles. A cette époque également, dans la capitale belge, il fréquente l’Atelier Saint-Luc où il fait la connaissance de nombreux peintres influencés par l’idéologie réaliste dominante mais néanmoins épris de pratiques novatrices. 

Dans une lettre qu’il adresse à Félicien Rops en février 1866, Charles Baudelaire écrit :

« Il faudrait qu’un libraire fût bien bête pour ne pas comprendre tout ce qu’une chose sinistre gagne à être attifée par vous. Vous savez quelle importance j’attache à l’art badin et profond, au sérieux masqué de frivolité. Si jamais homme fut marqué pour exécuter cet ambitieux programme, c’est vous ».

C’est bien d’une paradoxale fusion de naturels apparemment contraires qu’est formé le caractère de Félicien Rops.

Lui-même reconnaissait volontiers que sous son attitude de dandy ironiquement pervers et finement jouisseur, sous ses traits de « garçon gai, spirituel, [en] bonne santé, [qui] boit sec et aime ses contemporaines » (tels sont ses termes), se dissimule un « moi que j’enfouissais et dont je cachais les grands élans comme on cache les mauvais instincts ».

A ces lignes qu’il adresse à l’écrivain belge Camille Lemonnier, il ajoute encore : « je suis un sombre au fond, un mélancolique tintamarresque ». Et reprenant un mot du caricaturiste Gavarni à son égard, il confie : « [je suis] un sinistre à travers tout ».

Les œuvres les plus significatives de Félicien Rops sont celles où cette gravité sinistre et cette introspection mélancolique, quasi douloureuse, presque toujours obsessionnelle, ne se dissimulent pas sous un arsenal parodique hérité d’une société bourgeoise aimant l’allégorie futile et le symbolisme facile.

C’est donc dans des suites épurées comme Les Diaboliques (inspirées de Barbey d’Aurevilly) et Les Sataniques ou dans des planches radicales comme La mort qui danse, Le vice suprême ou Pornokratès que la personnalité de Rops s’exprime de la manière la plus riche et la plus sensible.

Au sein de ces œuvres majeures, Félicien Rops atteint un détachement irréversible entre une réalité aimablement anecdotique et un réel efficacement révélateur de questionnements et de désirs profonds.

Dans ces images fortes où se conjuguent sexe et mort, rêve et inquiétude, étrangeté et désarroi, femmes troubles et monstres sataniques, surgissent ainsi, comme une expression lancinante de « l’instinct de perversité », non seulement un portrait intime et viscéral de l’auteur devenu « voyant » (terme qu’il affectionne) mais aussi une « modernité » (son leitmotiv) vécue sans fard ni apparat, loin des « demi-natures » et des « saltimbanqueries ».

Au sein de ces œuvres majeures, Félicien Rops atteint un détachement irréversible entre une réalité aimablement anecdotique et un réel efficacement révélateur de questionnements et de désirs profonds.

Dans ces images fortes où se conjuguent sexe et mort, rêve et inquiétude, étrangeté et désarroi, femmes troubles et monstres sataniques, surgissent ainsi, comme une expression lancinante de « l’instinct de perversité », non seulement un portrait intime et viscéral de l’auteur devenu « voyant » (terme qu’il affectionne) mais aussi une « modernité » (son leitmotiv) vécue sans fard ni apparat, loin des « demi-natures » et des « saltimbanqueries ».

Le musée possède l’une des plus importantes collections publiques d'estampes et de dessins signés par Félicien Rops. Cette collection a été constituée vers la fin du XIXe siècle par Raoul Warocqué, qui nourrissait une passion particulière pour l’œuvre. Déjà en 1892, le collectionneur, alors âgé de vingt-deux ans, écrit à un libraire spécialisé : « Je puis sans me vanter dire que j'ai ici en Belgique une des plus belles collections de Rops ».

L'ensemble frappe par son ampleur et sa diversité : composé de plus de six cent cinquante pièces, principalement des dessins, des gravures et des lithographies, le fonds Rops de Mariemont contient les planches les plus célèbres selon les techniques utilisées. Ainsi, pour la gravure sur métal : Le Vice suprême, Satan semant l'ivraie, Le Sacrifice, Mors syphilitica, La Mort qui danse, Pornokratès, Plénipotentiaire, L'Experte en dentelles.., pour les lithographies : Un Enterrement en pays wallon, L'Ordre règne à Varsovie, La dernière Incarnation de Vautrin, ainsi que de nombreuses planches tirées, notamment, du journal L'Uylenspiegel. Parmi les dessins — pour la plupart des sujets traités par ailleurs en gravure —, on peut citer : Impudence, La Dame au cochon, le frontispice de Curieuse, roman décadent de Joséphin Péladan.

La bibliothèque précieuse de Mariemont est aussi riche en livres illustrés par Félicien Rops. Parmi les hors-texte et les frontispices, il faut retenir la planche Les Épaves réalisée pour la réédition non expurgée des Fleurs du mal (1866) de Baudelaire chez son ami Poulet-Malassis à Bruxelles. On peut citer les illustrations des Diaboliques, de Barbey d'Aurevilly, Les poésies-Premier cahier de Mallarmé, les eaux-fortes en couleurs de Zadig ou la destinée, de Voltaire ou encore les illustrations de la fameuse première édition de La Légende d'Ulenspiegel de Charles De Coster (dont par ailleurs le musée possède le manuscrit original).

À ces publications prestigieuses, s’ajoutent plusieurs centaines de frontispices scandaleux associés, pas toujours de manière opportune, à des œuvres libertines ou non autorisées que, pudiquement, l’on classait autrefois dans la section « Enfer » des bibliothèques — c’est d’ailleurs un fonds d’ouvrages conséquent dans la bibliothèque de Raoul Warocqué.

Sept lettres autographes complètent la collection de celui que Baudelaire appelait : « Ce tant folâtre monsieur Rops / Qui n'est pas un grand prix de Rome / Mais dont le talent est haut comme / La pyramide de Chéops ».

Découvrez la collection Félicien Rops du Musée royal de Mariemont sur MARCO (Musée Arts Collections), un portail des collections de la Fédération Wallonie-Bruxelles : http://rops.mariemont.eu

LE MUSÉE ROYAL DE MARIEMONT 

Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h (horaire avril - septembre).

Ouvert les jours fériés, y compris les lundis fériés.

Accès gratuit aux collections permanentes !

Accessible sans réservation. Consultez nos tarifs. La réservation en ligne est momentanément arrêtée pour cause de problèmes techniques.

Renseignements par téléphone au + 32 (0)64 273 741 ou par email via accueil@musee-mariemont.be

 

 LA TERRASSE DE MARIEMONT 

La Brasserie est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h.

Réservation souhaitée au +32 (0)64 27 37 63

 

LA BIBLIOTHÈQUE 

La Bibliothèque est ouverte du mardi au jeudi de 10h à 12h30 et de 13h à 17h.

Accessible uniquement sur rendez-vous par email à bibliotheque(at)musee-mariemont.be 

 

LE DOMAINE 

Ouvert tous les jours de 8h à 19h d'avril à octobre.