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Juin 1915

28 juin 1915

Le Messager de Bruxelles, 31e année, n° 175 (Édition P.L.G. n° 225), lundi 28 juin 1915

 

Une du Messager de Bruxelles: le pape parle de la guerre

À la une du quotidien le Messager de Bruxelles, un titre interpellant : "Le Pape parle de la guerre". L'article est en fait la reprise d'un papier du journaliste français Louis Latapie, publié le 22 juin 1915 dans un grand quotidien parisien La Liberté. Celui-ci eut un grand retentissement en Europe, fut contesté dans son authenticité et suscita des mises au point du Saint-Siège: ainsi naquit l'"affaire Latapie".

Le texte, très long, apparaît comme le compte rendu d'un entretien que le journaliste eut, le 12 juin, avec la pape Benoît XV (1854-1922). Ce fut, à vrai dire, une brève audience et il est vraisemblable que les propos rapportés ont été plutôt tenus au sein de la Curie. La présentation des réponses prêtées au pape renforce la thèse selon laquelle celui-ci aurait eu davantage de sympathie pour les Allemands et les Austro-Hongrois que pour les Alliés. Par exemple, selon Latapie, le pape met sur le même plan la destruction du Lusitania par les Allemands et le blocus allié "qui condamne à la famine des millions d'êtres innocents". En Belgique, des critiques ont visé la réserve dont Benoît XV semble faire preuve dans ses réactions à l'évocation des forfaits allemands commis sur notre sol: invasion d'un pays neutre, destructions d'églises, incendie de Louvain, etc.

La position adoptée par Benoît XV face à la guerre durant les années 1914-1918 éclaire le contexte de cette "affaire". Pour le pape, il fallait rétablir la force morale du droit face aux conflits armés; il a toujours choisi une attitude neutre, se voulant impartiale, appelant sans relâche les deux camps à la paix, sans les condamner. Il suscita ainsi l'incompréhension, y compris parmi les catholiques.

Le Messager de Bruxelles était soumis à la censure allemande, or celle-ci devait apprécier le ton de l'article de Latapie, présentant un pape plutôt germanophile. La rédaction du quotidien, dans la note figurant en introduction de l'article, prend habilement ses distances en évoquant des "doutes" quant à 'l'authenticité de certains détails", mais jugeant "nécessaire" de le produire "à titre documentaire et sous toutes réserves d'usage". 


20 juin 1915

Archives Warocqué, n° 9/9, Lettres (H).

 

Lettre de Seilien Hou, officier du génie chinois, à Raoul Warocqué

Par ce courrier du 20 juin 1915, Seilien Hou, officier du génie sorti de l'École de guerre de Bruxelles, sollicite l'intervention de Raoul Warocqué en vue d'obtenir un emploi en Chine, son pays d'origine. Dans son argumentaire, le signataire rappelle les liens étroits unissant l'homme d'affaires à l'Empire du Milieu. Ceux-ci sont en effet aussi nombreux que profonds. À la tête de la Société d'études sino-belge  destinée à favoriser les intérêts économiques belges en Chine, Raoul Warocqué a lui-même beaucoup investi dans des charbonnages locaux. En 1910, c'est en tant qu'ambassadeur extraordinaire de Belgique qu'il se rend à Pékin pour annoncer à l'empereur le décès du roi Léopold II et l'avènement d'Albert Ier. Comme collectionneur, enfin, Warocqué affectionne tout particulièrement les objets d'art venant d'Extrême-Orient.

Ce document permet également d'évoquer la présence en Belgique d'étudiants chinois au début du 20e siècle. Nous en rencontrons ici un fréquentant l'École royale militaire; c'est le cas aussi de l'Institut commercial des Industriels du Hainaut, qui, en 1904, accueille 19 étudiants chinois, financés par Raoul Warocqué lui-même. Plus généralement, ce courrier atteste l'importance des sollicitations adressées à ce dernier, à la fois bourgmestre de Morlanwelz, député de l'arrondissement de Thuin, homme d'affaires et collectionneur d'art. Elle témoigne du statut d'une personnalité dont la réputation dépasse les frontières régionales, voire nationales.


8 juin 1915

Fonds Léon Losseau, FLL 0471

 

Avis de condamnation à mort

Durant la Première Guerre mondiale, la résistance en Belgique occupée prend principalement la forme du renseignement. L'observation des mouvements de troupes ennemies, empruntant l'important réseau ferroviaire que compte notre pays, est l'activité principale de groupes au service du renseignement allié. En région liégeoise, les "guetteurs de voies ferrées" tentent de transmettre, par passeurs, leurs informations aux Pays-Bas voisins, pays neutre pendant le conflit. Victimes du contre-espionnage allemand, quarante-huit observateurs et passeurs sont exécutés au Fort de la Chartreuse, sur les hauteurs de Liège. C'est le cas de ces huit condamnés à mort appartenant au Service Lenders, du nom de leur chef de groupe, Justin Lenders, fusillés le 7 juin 1915. En octobre 1919, leurs dépouilles seront enterrées solennellement au cimetière de Robertmont.

Ce placard en trois langues est signé par le baron Moritz Ferdinand von Bissing, gouverneur militaire de la Belgique du 24 novembre 1914 au 18 avril 1917. Il est destiné tant à avertir la population qu'à décourager tout acte de résistance ultérieur.


4 juin 1915

Fonds Soltau

 

Lettre de Jean-Baptiste-Adrien Liégeois à sa mère

Le courrier adressé par Jean-Baptiste-Adrien Liégeois (sergent du 8e régiment de ligne détenu en Allemagne depuis le mois d'août 1914; cf. la notice du 12 avril 1915) à sa mère, arrive à destination le 2 juillet 1915. Quoique succinct, le propos éclaire les conditions d'hygiène déplorables que vivait quotidiennement le prisonnier: les poux sont omniprésents, malgré les efforts entrepris pour les éradiquer. Si le froid et l'humidité ambiante sont propices à la propagation d'épidémies durant les mois sombres, les saisons plus chaudes coïncident avec la multiplication des parasites dans les camps de prisonniers. Ces nuisances s'ajoutent à l'exiguïté et à la pénibilité des tâches auxquelles ils étaient astreints, comme le montre bien le présent document. 

Transcription:

Kasselbruch, le 4-6-15

Demain, nous allons à Munster pour 3 jours pour procéder à la désinfection des effets et on profitera de notre absence pour désinfecter le camp, mesures de précaution car aucun cas de maladie contagieuse n'a été signalé. L'été passé, nous avons été mangés par les poux, certains n'ont pas su s'en défaire. C'est peut-être pour nous en débarrasser radicalement. Tant mieux. Dans une quinzaine de jours, je vous enverrai peut-être mon portrait. La carte ne sait contenir que neuf lignes.

Votre fils,

Jean-Baptiste

 


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